Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Anthropolo... quoi ??

J'aurais voulu être sarkozyste ...

29 Avril 2012 , Rédigé par anthropoloquoi

J’aurais vu être sarkozyste…

 

                Je serais né dans une famille aisée, et aurait été une petite tête blonde choyée toute mon enfance.  J’aurais été un petit garçon qui aurait toujours eu tout ce qu’il voulait. J’aurais toujours réussi à l’école, été tout le temps le plus fort en maths. Mes profs auraient toujours été béats d’admiration devant mes résultats scolaires, ma petite tête blonde trop mignonne, et la fortune de mon papa.

 

                A l’adolescence, j’aurais été le plus cool de mes potes, parce que j’aurais eu un portable avant l’heure, un mac, un iPhone, une PSP, quatre Playstations, cinq Xbox. Dans ma chambre, on aurait pu jouer à tous les jeux vidéo les plus cools grâce au super écran plasma que mes parents m’auraient offerts pour mes six ans, du coup, j’aurais eu plein d’amis. J’aurais aussi eu plein de petites copines, parce que j’aurais toujours été habillé avec les derniers habits à la mode, les plus chers, et j’aurais toujours eu la dernière coupe à la mode. Je leur aurais payé plein de trucs, pour qu’elles sachent que c’est moi qui décide.

 

                Mes parents riches m’auraient offert une voiture pour mes 16 ans, et du coup, j’aurais amené mes supers potes trop cools et mon harem de petites copines dans des supers boîtes trop cool et trop huppées à Paris.

 

                Après le bac, mes parents m’auraient payé la classe prépa la plus chère, pour intégrer l’école de commerce la plus prestigieuse et la plus chère. J’aurais été admis en école, pas la plus prestigieuse, mais une suffisamment bien classée et suffisamment chère pour faire le bonheur de mes parents.

 

                Mes parents m’auraient acheté un appartement en plein centre parisien, pour que les trajets quotidiens jusqu’à mon école chère et prestigieuse ne me fatiguent pas trop.

 

                Une fois admis dans mon école, comme j’aurais toujours été le plus cool, le plus beau, et le plus riche, je me serais fait une bande d’amis aussi beaux, riches, et cool.

 

                On serait sortis dans les bars et les boîtes les plus cools et les plus chers de la capitale. On aurait payé des verres très chers aux filles les plus jolies, pour pouvoir les tripoter une fois qu’elles auraient été un peu saoules, ou les insulter si elles se seraient permis de nous rejeter.  On se serait amusés à traiter de « saloooopeeeuh » toutes les filles qui nous rejettent, sans raison puisqu’on aurait été des mecs cools, mais surtout très riches. Une fois complètement bourrés, on se serait amusés à vomir sur les SDF qui dorment dans le métro. Le métro, c’est sale, si ils dorment là, c’est qu’ils sont pauvres, si ils sont pauvres, c’est qu’ils n’auraient mérité en aucun cas notre respect.

 

                Ensuite, dans le même genre de soirée, on se serait amusés à jeter nos bouteilles de champagne vides sur les gitanes qui font la manche dans le métro. Elles sont pauvres, et ce sont des femmes, alors on se serait pas fatigués à les respecter, c’est quand même pas elles qui remplissent notre porte-monnaie.

 

 

                Mais un jour, ça aurait été la crise. La boîte de papa aurait commencé à tomber en faillite, parce que les entreprises du tiers-monde auraient commencé à émerger, et à faire de la concurrence aux grosses entreprises de finance de papa. Du coup, son salaire serait peut-être passé de 15k€, à 10k€. Du coup, on aurait commencé à se serrer la ceinture : vendre l’appartement du centre parisien, pour en louer un dans le sud-ouest parisien : la honte.

 

                En plus, dans l’école de commerce très chère et très prestigieuse, il y’aurait eu de plus en plus de noirs. Les Noirs ne sont pas un problème en soi, vu que j’aurais eu des amis noirs dans mon enfance, mais toujours inférieurs, toujours plus pauvres, toujours moins intelligents, toujours moins beaux. Je n’aurais donc même pas été ce qu’on appelle un « raciste » : j’aurais eu des amis noirs. Mais il y’aurait eu ces noirs, dans mon école très chère et très prestigieuse, qui auraient été en fait plus intelligents que moi, et auraient mis en place des projets beaucoup plus ingénieux que les miens. En plus, ils auraient du succès avec les filles. Mais heureusement, s’ils sont noirs, leurs projets restent des projets de noirs, donc rien de révolutionnaire. Je n’aurais donc eu aucune raison de m’inquiéter de leur ascension sociale. Au début.

 

                Du coup, pour me consoler, je partirais en vacances avec mes potes dans un pays pauvre, lointain et exotique, le Brésil par exemple, où là on aurait été sûrs d’être les rois, avec nos golden master cards. On se serait tapés plein de filles super bonnes, à qui on aurait payé tout plein de trucs : ça aurait entretenu notre confiance en nous, c’est-à-dire confirmé l’idée qu’on est des hommes riches et virils.

 

                Ensuite on serait rentrés de vacances, dans notre pays riche, et là on se serait rendus compte qu’en fait, y’aurait de plus en plus de noirs et d’arabes riches et qui réussissent, financièrement et socialement. Là, ça serait devenu de plus en plus frustrant pour nous : ok, les Noirs ont des grosses bites, et peuvent peut-être se taper plein de filles, mais de là à ce qu’ils soient aussi riches et intelligents que nous, c’est déstabilisant, ça voudrait dire que la fortune de papa tiendrait en fait à pas grand-chose, et qu’en fait on serait pas tant que ça les rois du monde, comme on me l’aurait toujours répété, toute mon enfance, toute ma vie.

 

                Du coup, je me serais engagé chez les jeunes UMP. Là-bas, ils défendent les valeurs de la patrie, et les intérêts des riches qui veulent le rester, face à la menace des tiers-mondistes qui concurrencent notre porte-monnaie.

                Aux élections présidentielles, mes potes et moi, on aurait beaucoup débattu : Sarkozy ou Lepen ? Moi je leur aurais dis que Marine Le pen, c’est la candidate qui défend nos valeurs et nos intérêts blancs et français avant tout, mais c’est surtout la candidate des français pauvres. Comme j’aurais jamais connu, de près ou de loin, la pauvreté, j’aurais dis que finalement, Le pen, c’est la ruine des grands patrons et de l’entreprise de papa.

 

                Alors j'aurais voté Sarkozy. Avec lui, les gens comme nous (riches et blancs) pourraient continuer à dormir sur leur deux oreilles, et leur deux yeux. Après tout, il nous a assuré qu’il continuerait à préserver les intérêts des riches, blancs, face à tous ces pauvres internationalistes qui essaient de lapider nos richesses.

 

                J’aurais voulu être sarkozyste, pour pouvoir dormir sur mes deux oreilles sur mon oreiller en plumes d’or, pouvoir fermer les yeux sur le racisme, la pauvreté, le féminisme, vu que je serais pas concerné par tout ça.

 

                J’aurais voulu être sarkozyste, et vivre dans mon cocon de soie et de cachemire entretenu par le porte-monnaie de papa et maman.

 

                 J’aurais voulu être sarkozyste, avoir mon avenir tout tracé, vivre égoïstement, et nier complètement le fait que mon mode de vie, mes valeurs, mon comportement soient extrêmement nuisibles pour le reste de la société, qui représente finalement une bonne majorité de la population.

 

                 J’aurais voulu être sarkozyste, et pouvoir manquer de respect aux femmes, aux étrangers, aux pauvres, aux homosexuelLEs, aux prostituéEs, aux chômeurs sans que ça m’empêche de dormir.

 

                J’aurais voulu être sarkozyste, et ne pas comprendre pourquoi tous ces gauchistes s’agitent tout le temps, et pourquoi ils ne s’occupent pas de leurs affaires personnelles, et ne vont pas travailler comme tout le monde, plutôt que de s’attaquer aux gens comme moi qui vivraient leur jeunesse dorée au détriment du reste de la société.

 

                J’aurais voulu être sarkozyste, et me sentir mal à l’aise, perdre confiance en moi dès qu’un tiers-mondiste (disons un noir, on les reconnaît plus facilement) réussirait mieux que moi dans la vie, socialement, professionnellement, financièrement, sentimentalement, et en plus sans l’aide de papa et maman.

 

         J’aurais voulu être sarkozyste et me sentir menacé dès qu’une femme deviendrait indépendante, financièrement, socialement, et professionnellement, et serait en mesure de me manipuler, par les mystères du sexe, pour au final me laisser comme un con, avec un portemonnaie vide, parce que j’aurais dilapidé toute ma fortune en pensant que c’est ce qui la ferait rester.

 

                J’aurais voulu être sarkozyste, et me rendre compte que mon porte-monnaie, la fortune de papa-maman, mes cheveux blonds, mes yeux bleus, ma peau blanche, mon hétérosexualité et mon pénis ne font pas de moi un homme plus digne de respect que n’importe quel autre humain.

 

Ludivine Egounleti          

 

 

Budapest-004.JPG

Budapest, 2010

 

 

PS: Pour ceux qui n'auraient pas compris, j'aurais pas vraiment voulu être sarkozyste en vrai. Cet article est juste une dédicasse à tous les sarkozystes et lepenistes, assumés ou pas, de qui j'ai pu entendre certains arguments politiques et certaines réflexions depuis quelques temps.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Il faut transformer l'écoeurement en colère, et comme le disait si justement la camarade Rosa "Seuls ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes".<br /> Allez, on fait comme le camarade HK: On lâche rien !
Répondre