Le jour où je suis devenue adulte...

10 Juin 2014 , Rédigé par anthropoloquoi

" Le jour où j'ai cru me sentir devenir adulte"

« Tu sais, t’es une jeune fille maintenant, il faut penser à s’habiller en conséquence… »

« Il va falloir que tu penses à te maquiller et mettre de jolies robes plus souvent pour trouver un mari et un travail… »

« Et alors, tu n’envisages pas de partir de chez tes parents maintenant ? Il serait temps de commencer à chercher quelque chose… »

« Tu penses toujours repartir ? Ou cette fois tu comptes rester en France… ? »

« Tu vas faire quoi maintenant ? »

A croire qu’ils n’attendaient que ça, tous ces vautours du monde des adultes. A croire que tous, ils m’attendaient au tournant, contents et satisfaits que je sois enfin tombée dans leur embuscade de l’âge adulte, l’âge de la maturité, et de la responsabilité.

Moi, je ne vois que des hyènes ricaner devant mon cadavre. Satisfaits d’être enfin venus à bout de cet esprit insouciant, léger, aspirant à la liberté, rêveur… un de moins, enfin ! La rêverie c’est pour les enfants, les responsabilités, pour les adultes. C’est comme ça depuis toujours, et ça le restera. Il est temps d’enterrer ses idéaux, ses rêveries et colères de l’adolescence, pour accueillir la maturité et la sagesse de l’âge adulte.

En d’autres mots, il est temps de reprendre le fouet qu’utilisaient les adultes pour nous faire avancer, et commencer à être capable de se fouetter soi-même, en signe de maturité. Il est temps de reprendre ce fouet, et commencer à fouetter les autres à son tour, agir comme un être responsable finalement. Commencer à fouetter les autres, pour les prévenir des erreurs qu’on a faites et qui nous ont fait grandir. Commencer à fouetter les autres, pour les empêcher de sortir du chemin étroit dans lequel on a décidé d’évoluer en tant qu’être adulte. Commencer à fouetter les autres, pour se prouver que l’être de raison, c’est bien celui qui fouette, qui s’autocensure, qui s’interdit, et donc, qui interdit aux autres.

Désormais, l’heure de la repentance est arrivée. Il est temps de s’infliger tous ces coups, et prouver à quel point on a été de mauvaise foi en étant jeune, et à quel point on va être de bonne foi, pur, responsable, et bon en grandissant.

Désormais, il est temps de rentrer dans les rangs, par respect pour les autres, par respect pour tous ceux qui s’auto infligent tous ces coups, et ne surtout pas les pousser à la tentation, au vice, au déraillement.

Toute cette colère d’enfance, ces espoirs de jeunesse, ces accès de folie, n’étaient que stupidité d’un jeune âge inexpérimenté. Il est désormais temps d’enterrer cet enfant, de le noyer, le brûler vif, bref, le faire disparaître, et avancer…

Surtout, il ne faut accorder strictement aucun crédit, aucune raison à ce jeune esprit qui voulait vivre en marge de la société, et souhaitait égoïstement être heureux et profiter de son bonheur, si simple, si peu exigeant… Ou peut-être trop.

Mais moi, cet enfant révolté, je l’aime bien trop, et croit bien trop en lui pour le tuer aussi cruellement. Alors, comme en temps de guerre, j’ai décidé de le cacher sous mon manteau et mes jolies robes, et continuer à avancer avec lui. Et toc.

Cet article, aux allures bien personnelles, a en fait toute sa place sur ce blog, et même bien plus que dans mon journal intime.

Grandir est une lutte intrinsèquement propre à l’être humain (genre ces mots d’adulte que j’utilise !). Le problème est que, de mon point de vue, ne pas prendre conscience de cette lutte, saine et naturelle, et la refouler, toujours plus, amène à faire la guerre à ceux qui n’en sont pas aux mêmes stades d’évolution que nous, c’est-à-dire, aux enfants. Aux enfants, en général, mais aussi à tous les êtres considérés moins évolués.

Et puis, on oublie du coup bien trop souvent que la vérité sort de la bouche des enfants, c’est-à-dire de ces êtres peu évolués qui du coup n’ont rien à perdre.

Pour finir, l’article a aussi son importance dans l’évolution de l’identité de ce blog, parce que marque aussi une sorte de repère dans l’évolution du style d’écriture, des sujets abordés… Ou pas !

La suite au prochain épisode !